mardi 20 février 2018

La vérité sur l'affaire Harry Québert

HISTOIRE

Marcus Goldman souffre du syndrome de la page blanche. Or, il doit impérativement envoyer son prochain manuscrit à son éditeur dans les plus brefs délais.
Mais voilà que resurgit une affaire, vieille de 33 ans : son ami et ancien professeur Harry Québert est accusé du meurtre d'une adolescente de 15 ans, avec laquelle il aurait eu une liaison.
Marcus part alors dans la petite ville d'Aurora pour tenter de découvrir le fin mot de l'histoire...

CRITIQUE

Cela fait un moment que je lorgnais sur les titres de Joël Dicker et le résumé de ce titre me parlait plus que Le livre des Baltimore. C'est donc sans a priori que je me suis lancée dans l'aventure Harry Québert, et j'ai passé un bon moment, même si pas mal de défauts sont à relever.

Tout l'intrigue se centre sur deux éléments : le meurtre de la jeune Nola Kellergan, 15 ans à l'époque et sur les soucis de Marcus concernant l'écriture de son deuxième roman. Les deux vont se télescoper, puisque notre héros décide d'écrire un ouvrage sur l'affaire Harry Québert, et tenter de prouver son innocence en remuant le passé.

Le côté "enquête" est, de loin, la partie la plus intéressante de l'histoire. L'auteur arrive à distiller le suspens et la tension, ce qui fait qu'on devient rapidement accro.
Le bouquin fait plus de 600 pages, mais je ne les ai pas vu filer. Je voulais absolument connaître le fin mot de l'histoire, découvrir ce qui était arrivé à Nola. D'autant plus qu'on se rend compte qu'Aurora est un petit patelin où les habitants ont bien des choses à cacher...

Bon, le fait qu'un type débarque de nulle part et trouve des indices, 33 ans après les faits, que la police n'avait pas relevé avant (ce qui pourrait la faire passer pour incompétente) peut manquer de crédibilité. Mais perso, ce genre de procédé ne me pose pas de problème. En plus, M. Dicker apporte une explication pour justifier ce fait.

J'ai été transportée par le récit, ayant été surprise par le twist final. Je ne l'avais pas vu venir !
En revanche, je relève un gros point négatif : j'ai l'impression que l'auteur en fait trop.
Je veux dire par là que les éléments s'accumulent, au risque de sombrer dans le surplus. J'ai trouvé certaines révélations tellement énormes qu'au bout d'un moment, j'ai fini par ne plus y croire. OK, je veux bien que les habitants aient leurs secrets, mais faut pas en faire des caisses non plus !

C'est d'autant plus dommageable que mon intérêt pour le livre s'en est vu diminué. Pas complètement bien sûr, mais ce point mine la lecture.

Un autre aspect que j'ai moins aimé : les réflexions sur le métier d'écrivain. Ce point aurait pourtant pu être très intéressant, mais finalement, cela ne l'est pas tant que ça. Chaque chapitre débute par un conseil donné par Harry à Marcus sur la façon d'écrire un livre.
C'est sympa, certes, mais premièrement, si on s'intéresse de près ou de loin à l'écriture, ces conseils ont un air de déjà-vu ; deuxièmement, j'ai trouvé par moment que certains conseils étaient pompeux.

De plus, l'idée d'écrire un livre sur l'affaire Harry Québert était sympa... si là encore, l'auteur n'en faisait pas des tonnes !
L'éditeur utilise des stratagèmes commerciaux (douteux) pour promouvoir le futur roman de Marcus. Sauf qu''encore une fois, la publicité est tellement énorme que ça en devient grotesque.

Est-ce que les personnages sauvent le livre de ces quelques éléments négatifs ? Même pas !
En fait, je les ai tous détestés !

A commencer par Marcus et Harry qui ont le même point commun : un ego surdimensionné.
Ils sont persuadés d'écrire LE chef-d'oeuvre de leur vie ; et quand ils sont au sommet de leur gloire, ils se permettent de se brûler les ailes... quitte à se retrouver dans la panade par la suite.
Je les ai trouvés imbus d'eux-mêmes et insupportables. Même le background d'Harry n'a pas changer mon regard sur lui ; c'est pas tant le fait qu'il soit tombé amoureux d'une gamine de 15 ans qui me pose problème, c'est plutôt l'idée qu'il se transforme limite en papa-gâteau (ou plutôt en papa-gaga-de-sa-chérie), ce qui lui fait perdre tout attachement !

Nola est l'archétype même de la petite blonde écervelée, qui ne connaît pas grand chose à la vie. Certes, elle va faire des choses par amour et a un vécu difficile ; mais son âge trahit son comportement, assez immature (les "Henry chéri !" avec sa voix de midinette me sont sortis par les trous du nez !).

Quand aux autres personnages, entre la meuf envahissante et son mari un peu benêt, la serveuse éperdue, le mystérieux milliardaire et j'en passe, les clichés s'accumulent. On apprend à connaître la plupart d'entre eux, mais je n'ai jamais éprouvé d'attachement pour quelqu'un en particulier.

Heureusement, l'ensemble se lit vite malgré le pavé. L'addiction ressentie fait qu'on tourne les pages rapidement. Après, à mes yeux, ça ne vaut pas non plus un prix littéraire...

La vérité sur l'affaire Harry Québert est un roman sympa : on passe un bon moment, mais les personnages sont détestables et/ou pas attachants. Si l'histoire est addictive, elle souffre de quelques défauts qui plombent l'ambiance pourtant sombre.

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