jeudi 25 janvier 2018

La ferme

HISTOIRE

Daniel reçoit un coup de fil de son père : sa mère, qui tient apparemment des propos incohérents, vient de se faire interner.
Quelques instants plus tard, c'est sa mère qui sonne : elle prétend ne pas être folle et a besoin de la police. Elle soupçonne en effet un terrible complot autour de la ferme qu'elle a acquit en Suède, avec son mari.
Qui dit vrai, qui ment ? Daniel va tenter de démêler le vrai du faux et percer le mystère autour de la ferme familiale.

CRITIQUE

De Tom Rob Smith, j'ai lu Enfant 44 des années auparavant et j'avais adoré. Du coup, je voulais le retrouver dans un registre que j'aime beaucoup : le thriller. Même si les derniers que j'ai lu n'ont pas été des lectures exceptionnelles.
Et cela a encore été le cas ici.

Daniel reçoit deux coups de fils différents. Son père prétend que sa mère est folle alors que cette dernière raconte qu'elle a, au contraire, besoin de la police, car elle a de terribles révélations à faire.
Qui croire ? Et comment démêler le vrai du faux ? C'est ce que Daniel va tenter de faire, en confrontant les récits de ses géniteurs.

Un pitch pareil ne pouvait que me plaire. Si le résumé donne envie, le fond ne l'est pas tant que ça.
En fait, c'est la façon de raconter l'histoire qui me chiffonne : je pensais que Daniel chercherais à résoudre l'énigme lui-même, notamment sur cette fameuse ferme acquise par ses parents.
Sauf que cet élément arrive tardivement dans le récit, et est mal exploité en plus. Mais je vais y revenir.

La première grosse moitié du roman se centre sur les monologues de la mère qui réussira à rejoindre son fils et à lui expliquer les tenants et les aboutissants de l'affaire. Et même si elle apporte des preuves, le doute subsiste : dit-elle vraiment la vérité ? Parce ce qu'elle raconte est quand même si énorme que ça semble invraisemblable. Pourtant, elle a un discours plausible et les quelques objets qu'elle montre à Daniel (et au lecteur) peuvent crédibiliser son récit.

C'est clairement la partie du roman que j'ai le plus apprécié. J'étais vraiment à fond, à me poser plein de questions, comme Daniel. Et comme écrit plus haut, le doute subsiste. De plus, comme la narration est la première personne du singulier, on partage les doutes, les angoisses de Daniel. Du coup, j'étais curieuse de voir comment l'auteur allait conclure son bouquin.
Et c'est malheureusement là que le bât blesse.

A partir du moment où Daniel cherche à résoudre l'enquête, l'intrigue perd de son intérêt. En fait, je me demandais où l'auteur voulait m'emmener. Et le comportement de certains personnages ne m'ont pas aidée à clarifier les choses. Je trouvais que ça devenait vraiment confus.
Et quand on découvre le twist final, je me suis dit : "En fait, tout un foin pour pas grand chose". J'ai été très déçue par cette fin, qui n'en n'est même pas une d'ailleurs !

Parce que vu le final, il manque clairement une grosse partie. On a, certes, toutes nos réponses à nos questions, mais on ne sait pas ce qu'il advient des personnages. J'aurais bien voulu avoir des pages supplémentaires pour connaître leur fin, voir comment ils ont évolué par rapport aux événements. Grosse déception, donc, pour cette fin qui, pour moi, n'en n'est pas une.

Et que dire des personnages ? Déjà qu'en plus de 300 pages avec une narration en "je", tu peux pas développer grand chose, mais ici, c'est flagrant.

Daniel, notre narrateur, est clairement divisé, malgré son soutien évident à sa mère. Mais il nous fait par de ses doutes, de ses soupçons et doit assister en tant que spectateur aux événements qui se sont déroulés en Suède (et encore, il doit se contenter d'une version - peut-être - édulcorée par sa mère).
Mais je trouve qu'il manque cruellement de charisme. On dirait qu'il assiste constamment aux événements, sans jamais y prendre vraiment part. Même s'il tente de connaître la vérité dans les cent dernières pages, on dirait qu'il n'y met pas du sien. Et cela rend l'histoire pas super palpitante du coup...

Les parents sont finalement peu développés et manquent aussi d'attachement. Surtout le père, assez en retrait finalement.
La mère est plus consistante, mais je ne savais jamais sur quel pied danser avec elle. Déjà à cause de ses dires qui peuvent prêter à confusion malgré leur crédibilité, mais aussi parce qu'elle manque de personnalité.

Celui qui semblait le plus intéressant, c'est Mark, le compagnon de Daniel. J'aurais aimé le voir davantage participer à l'intrigue, mais il reste un personnage tertiaire qui apporte finalement très peu son concours. De plus, le fait qu'il soit le compagnon caché de Daniel aurait pu apporter un arc très intéressant à l'histoire : la difficulté pour le narrateur de faire son coming-out devant ses parents. Mais ce point n'est même pas abordé !

Par contre, je reconnais que l'écriture de Tom Rob Smith est bien menée ; il sait distiller un certain malaise chez le lecteur, ainsi qu'une ambiance pesante, qui fait que tout n'est pas à jeter dans le roman. C'est d'ailleurs en grande partie ce point qui m'a donnée envie de poursuivre ma lecture.

Un roman assez mitigé dans l'ensemble, avec ses personnages creux et son histoire intéressante, mais qui perd de son intérêt dans les dernières pages. Sans compter la fin qui n'apporte pas de réelle conclusion à l'histoire.

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