jeudi 1 février 2018

L'île des rêves interdits

HISTOIRE

Colin et sa famille vivent sur l'île d'Ariban, où les rêves sont interdits. Mais Etta, la petite sœur de Colin fait sans cesse des cauchemars. Si cela se savait, elle serait bannie de l'île.
Or, l'arrivée de Jennifer, une étrangère, va bouleverser la vie de Colin et celle de la communauté tout entière.

CRITIQUE

Voilà des années que je n'avais pas lu ce récit. Il ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable et, après relecture, je comprends mieux pourquoi : c'est sympathique à lire, mais je pense qu'il aurait mérité d'être plus travaillé, tant le fond est intéressant. Au final, c'est une lecture détente, mais pas inoubliable.

Ariban est une île où vit une communauté avec des règles à priori absurdes : il est formellement interdit de rêver, voire de raconter des histoires. Or, depuis quelques temps, Etta, la sœur de notre héros, Colin, fait des cauchemars, la mettant ainsi en danger. Car si les Anciens l'apprennent, elle sera chassée à jamais de l'île.
Mais Jennifer, une étrangère échouée sur la plage, va semer le trouble parmi les habitants, et surtout auprès de Colin.

Le postulat de départ peut ressembler à un roman dystopique : une société où il est interdit de rêver, d'imaginer et de raconter des histoires. Une société régie par les Anciens qui décident de tout, même si, à priori, ils veillent sur le bien-être de tous les habitants.
Mais quand on creuse, on se rend compte que ces derniers ne sont pas libres. Ils doivent sans cesse faire attention à leurs paroles, sous peine de terribles représailles. Et on n'hésite pas à dénoncer son voisin si cela s'avère nécessaire.

Heureusement, l'arrivée de Jennifer, cette Étrangère aux mœurs différentes, va changer la donne et montrer que les histoires ne servent pas qu'à entretenir l'imagination et nous faire évader. Elles peuvent aussi nous permettre de vaincre nos peurs et d'affronter nos angoisses.

J'ai beaucoup aimé cet aspect du roman ; l'influence des histoires et de l'imaginaire sur l'esprit des gens, surtout la petite Etta. A travers Jennifer, on se rend compte qu'on a besoin de se raconter des récits, réels ou pas et qu'ils peuvent nous apprendre bien des choses.

L'histoire en elle-même est plutôt bien menée : l'auteur va droit au but, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas du tout à la lecture. Même si beaucoup d'éléments m'ont sauté aux yeux, contrairement à Colin, notre narrateur.
Je pense surtout à la scène sur la montagne ; j'avais capté l'élément principal avant même le jeune homme.
En soit, y a pas vraiment de surprise ; c'est un roman très jeunesse qui ne s’embarrasse pas de nous mener sur une fausse piste.

Et puis, y a quand même pas mal de questions qu'on se pose : d'où viennent les Anciens ? Comment est née Ariban ? Et si les Anciens ne veulent pas d'imagination sur leur île, pourquoi diable acceptent-ils de laisser une étrangère débarquée de nulle part sur leur île (bon, c'est sûr, y aurait pas d'histoire si ça n'avait été le cas...) ?

Je pense que la communauté toute entière aurait pu être davantage développée. Pareil pour le monde d'où vient Jennifer ; elle nous apporte quelques éléments, mais jamais suffisamment pour qu'on se fasse une idée bien précise d'elle.

Bref, l'ensemble manque vraiment de consistance : on reste à la surface des choses, sans jamais aller en profondeur. C'est dommage car cela aurait mérité plus de développement je trouve.

Autre souci : le personnage de Colin, qui n'est pas très attachant. En plus de ça, il est constamment à côté de la plaque, alors que le lecteur sait d'avance les choses qu'il mets trois plombes à capter ! Il est aussi insupportable, à toujours se chercher des excuses, alors qu'il a des torts. Et comme c'est notre narrateur, j'ai levé les yeux au ciel à plusieurs reprises.

Jennifer est déjà plus intéressante. De part son statut de conteuse, mais aussi sa manière de percevoir la vie sur Ariban lui donne un poids assez conséquent dans l'histoire. C'est elle qui est l'élément déclencheur, mais elle achève aussi le récit.
Bref, elle occupe vraiment une place de choix dans l'intrigue, même si je regrette, je le répète, un manque d’approfondissement de son passé.

Les autres personnages ne m'ont pas spécialement transcendée. A part Etta, la petite sœur de Colin qui va aussi apporter sa petite pierre à l'intrigue, les autres ne m'ont pas apporté un quelconque attachement.
La faute au choix de la narration, que je n'ai pas trouvé judicieux. Comme je l'ai dit, Colin est notre narrateur. Mais j'aurais préféré avoir le point de vue des autres protagonistes, afin qu'ils apportent un éclairage différent sur le mode de vie d'Ariban ou sur les scènes-clés.

Malgré ces défauts, ce roman se lit très vite. L'auteure sait quand même plonger son lecteur dans un univers assez spécial, loin du nôtre, avec ses règles et ses interdits.

L'île des rêves interdits est un bon petit roman jeunesse, même si je ne l'ai pas trouvé transcendant. J'aurais aimé plus de développement dans l'univers et le passé de Jennifer, ainsi qu'un choix de narration plus judicieux.

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